Gilles Fagninou, directeur régional de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, souligne que le dynamisme et l’engagement du Cameroun, du Tchad, de la République centrafricaine, du Niger et du Nigeria sont essentiels à la synchronisation des efforts pour atteindre chaque enfant et mettre fin aux épidémies de polio dans la région du bassin du lac Tchad.
Le Bassin du Lac Tchad lie des millions de vies. Ses eaux nourrissent les terres, relient lescommunautés et leurs espoirs. Mais depuis trop longtemps, elles portent aussi une ombre, celle d’un virusqui s’accroche à ses rives, franchissant les frontières, et volant aux enfants leur force et leur avenir : la polio.
Le virus se faufile dès que la vigilance faiblit : là où la vaccination ne parvient pas, là où les conflits et lesdéplacements compliquent l’accès aux soins. Mais cette année, cinq États (République Centrafricaine, Tchad, Cameroun, Niger, Nigéria) ont répondu ensemble à la menace. À traversune mobilisation inédite, ils ont fait un barrage collectif à la maladie, vaccinant plus de 83 millions d’enfantsen deux campagnes synchronisées.
Cet engagement collectif s’est construit à chaque étape : sous l’égide de l’Initiative Mondiale del’Éradication de la Polio (IMEP/GPEI), des réunions entre les ministres de la Santé et les partenairesnationaux et internationaux (l’UNICEF et l’OMS) ont permis de coordonner les efforts et de garantir desstratégies efficaces sur le terrain. Les frontières se sont effacées pour affirmer une volonté : celle d’uneAfrique qui refuse de voir un enfant de plus paralysé par la polio.
Aujourd’hui, la polio recule dans le Bassin du Lac Tchad : les cas sont en baisse depuis trois ans. Mais lacirculation continue au Nigéria et au Tchad, avec respectivement 19 et 18 cas notifiés cette année. Tantque le virus se propage, tant qu’un enfant reste vulnérable, nous ne pouvons pas baisser la garde.
Ces derniers mois, jusqu’aux derniers bras du lac, aux îles oubliées des cartes, les soignant.e.s ontavancé. Des hommes et des femmes comme Hassan Zakaria, 28 ans, relais communautaire dans larégion du Sila au Tchad, ont suivi les affluents, une glacière à la main, en barque ou à pied ; ils ont porté lesvaccins pour atteindre chaque famille, chaque enfant, et construire un rempart contre le virus.
Grace à leurs efforts et à ceux des gouvernements du Bassin du Lac Tchad, l’éradication estdésormais un rivage proche, où la polio ne sera plus qu’un souvenir.
Mais l’effort doit se poursuivre. Tant qu’un seul enfant sera malade, le virus continuera de circuler. LesÉtats du Bassin du Lac Tchad doivent maintenir cet élan : renforcer la vaccination de routine et laqualité des campagnes, améliorer la surveillance, combler les failles qui pourraient permettre au virus depersister.
Ce mois-ci, l’Afrique a montré qu’elle pouvait se dresser face à cette maladie. Ce n’est pas une réussiteisolée, mais un signal fort : avec engagement et coordination, l’éradication de la polio est possible. Le Bassindu Lac Tchad nourrit et unit les enfants et leurs communautés. Il ne doit plus jamais les lier par la maladie.